La Non-Dualité nous invite à réaliser notre nature, la nature de notre esprit, ce que nous sommes foncièrement. Ce que nous sommes est sans limite ni frontière, sans nom et sans forme. C’est la présence inqualifiable qui constitue notre être. La non-dualité indique qu’il n’y a jamais eu 2 éléments dans l’univers. Alors qu’Unité implique l’union d’au moins 2 éléments. En Non-Dualité, aucune séparation, aucune frontière, aucune limite, aucune détermination, aucun « individu », aucun objet. C’est l’océan illimité, les vagues étant tous les objets dont notre cerveau établit la représentation, les catégories qui remplissent abondamment notre vie quotidienne et finissent par nous faire croire aux rêves et aux cauchemars.
Ce n’est pas un état extraordinaire que d’être « en non-dualité », mais au contraire notre état naturel tel que le nomme les pratiquants du Dzogchen, suivant la tradition Bön. C’est retrouver en conscience notre couche basique, fondamentale, que nous n’avons jamais quitté une seule seconde depuis. Abandonner le fatras qui encombre notre cerveau, alimentant nos désirs, l’avoir et le devenir, voilà ce que nous pouvons réaliser, ici et maintenant, (bien que Cela ne soit ni ici ni maintenant!) pour goûter instant après instant ce-qui-est, non-corrigé.
La Non-Dualité, concept d’origine sanskrit (advaita), puisqu’elle fait fi des représentations, se vit plus qu’elle ne se définit. Elle est le vécu, le constat, de la non-séparation absolue de tout ce qui est, de la Conscience et du monde, selon l’expression de Jean Klein, les yeux grands ouverts sur le monde tel que vous le voyez, et non pas un samadhi méditatif ou une transe lointaine, fruit d’une ascèse rigoureuse dans les froidures himalayennes. Et cette expérience* inouïe qui volatilise la conscience restreinte et séparatrice du « moi » survient souvent spontanément, c’est-à-dire sans technique, et sans motif. Les hommes les plus divers ont eut la grâce de la goûter et certains ont pu même en parler, ce qui n’est pas facile. Elle bouleverse définitivement la vision de celui qui l’expérimente. Elle peut survenir aussi à la suite d’une pratique spirituelle, guidée par un maître réalisé. Mais ceci n’est nullement indispensable, à la différence de voies techniques yoguiques et autres pratiques d’éveil de kundalini. Et, ce qui est plus intéressant, cette expérience peut survenir à la simple lecture de textes non-dualistes. *Et même le terme « expérience » ne rend pas compte de ce que l’on peut dire de la non-dualité, qui est Ce qui sous-tend toute expérience et toute manifestation, et qui ne change jamais. Gardons-nous d’en élaborer la moindre image !!
Ajoutons à cela que la non-dualité ne s’oppose pas à la dualité : elle la couronne. Il ne s’agit pas de dépasser la dualité, mais de l’accepter tout à fait, en tant que dualité, dans ses paires d’opposés enfin mis en relation paires par paires duelles, alors que souvent nous avons tendance à aspirer à un des opposés en fuyant l’autre : vouloir l’amour et fuir la haine, aspirer à la lumière et fuir l’ombre, par ex.
Nous accueillons alors la manifestation dans toutes ses dimensions, et c’est cet accueil inconditionnel qui ouvre à la non-dualité. Autrement dit, accueillir la dualité, c’est trouver la non-dualité. Et pour cause! Où pourrait bien être la « non-dualité » ailleurs qu’ici et maintenant, incluant toutes ces limites qui vibrent sous nos yeux?
La Non-Dualité n’est pas quelque chose d’autre que ce que nous avons sous les yeux, que ce qui voit ces objets actuels… C’est plutôt un regard différent sur ce-qui-est.
Et comme le « moi », l’ego, se nourrit justement de « j’aime ceci et j’aime pas cela », accepter la dualité, c’est aussi accepter de dépasser cette représentation limitante du « moi-je », celle de se croire séparé du monde et des autres.
Nous avons regroupé sur ce site non-dualite.fr quelques uns des messages les plus éloquents et les plus accessibles, celui des philosophes et des mystiques, des francs-tireurs et des sages. Libre à vous d’approfondir chacun des auteurs suivant votre feeling et vos affinités.
Les traditions spirituelles culminent parfois dans l’expérience de non-dualité, surtout en Orient, où la vision impersonnelle de la Déité aide à dépasser les concepts réducteurs qui séparent le pratiquant de Dieu, dans les traditions occidentales, trop souvent. Alors qu’au fond, même en Occident, des maîtres comme Eckhart ont goûté clairement à cette unité sans nom et sans pensée, mais n’ont pas toujours osé en parler publiquement.
Si l’on devait situer dans l’espace temps la non-dualité, nous pourrions dire que c’est en Asie centrale qu’elle fût pour la première fois exprimée le plus simplement. La tradition Dzogchen Bön, Yungdreung Beun, qui se dit remonter à 18000 ans, en rend compte encore aujourd’hui. Ensuite, en Chine, par le Ch’an et Hui Neng, elle fut exprimée de façon plus lapidaire et aussi profonde. Mais nous allons voir que toutes les traditions, peu ou prou, mènent à l’essence non-duelle, pourvu qu’elles soient basées sur l’expérience intérieure, et non pas seulement sur des lettres mortes…
Nous avons distingué deux entrées pour nos pages, une, directe, par les auteurs non-dualistes, et une autre par les traditions, ce qui vous permettra, ou de lire directement des écrits, dont beaucoup se situent en fait hors de toute référence, ou bien de situer le phylum évolutif et culturel de la non-dualité à travers des approches traditionnelles précises.
La non-dualité répond à la question : « Qui suis-je? ». Question que nous nous sommes tous posé un jour. Ramana Maharshi en a fait l’interrogation essentielle et guide de la quête de Soi. Se poser cette question ouvre un chemin dont on imagine rarement l’issue, si l’on ne se contente pas des réponses habituelles « je suis Untel », « je suis moi »… Et cette issue peut être la réalisation ici et maintenant de l’état non-duel, si nous sommes mûrs pour abandonner les représentations dans lesquelles nous nous sommes emprisonnés. C’est ainsi que nous pouvons passer de « je suis moi » à « (je suis) Cela ».
Enfin, nous avons pensé que quelques rares personnes parmi nos visiteurs avaient aussi vécu cette expérience édifiante de la non-dualité. Si c’est votre cas, vous pouvez publier ici votre histoire en soumettant un article, après être devenu membre. Également, les articles philosophiques, psychologiques, sociologiques, voire historiques concernant la non-dualité pourront trouver dans ces pages publication. En résumé, vous êtes bienvenus sur ce site. Puissent ces lignes vous faire entrevoir ce qui demeure entre elles, depuis l’origine et avant!