Exprimer un besoin originel

Pharts: Le Magazine Suisse des Arts

Voilà donc ce qu'illustre L'être en corps, trace d'un corps dansant,

Cet admirable livre que Malaïka vient de sortir avec Roger Plaschy. Le photographe valaisan a su, avec une virtuosité et une sensibilité prodigieuses, saisir et éterniser le mouvement, en de troublantes photos jouant sur le temps, la lumière et l'ombre.Il y a toute une série de jeux entre le corps, le temps et l'espace, qui expriment des thèmes simples et forts, entre autres la mort. Ce sont presque des prises abstraites.

Le corps de Malaïka est tout au service du mouvement, du sens, on ne le regarde pas en tant que tell, mais dans l'expression qu'il développe. Dans une belle mise en page réalisée par deux amies valaisannes, elles-même danseuses, ces photos sont ponctuées par des réflexions et des aphorismes issus de la réflexions et des recherches de Malaïka, grande lectrice de   Nietzsche - le seul grand philosophe européen à avoir su  exprimer la nécessité profonde de la danse, entre autres dans "Also sprach Zarathustra".

 

Malaïka a monté un spectacle dans ce sens, Traces, allant aux origines de la danse. Il y a par exemple un conte inspiré par le récit de Maurice Zermatten, une histoire traditionnelle valaisanne d'une fille ayant le diable au corps ou de la descente de Zarathustra vers le village où il va rencontrer un danseur de corde inspire à Malaïka une chorégraphie qui devient une image de la chute - déréliction - de l'homme sur terre.

 

Pierre Hugli, Magazine Suisse des Arts