L’Equilibre en mouvement

Plusieurs années déjà ... au cours d’un week-end de dynamique de groupe ! J’avais exprimé mon envie de me faire plaisir et reçu une proposition pour des massages et un nom. Une rencontre peu banale, il y a longtemps...

 

J’ai rencontré Malaïka et suis devenue une fervente adepte du shiatsu qu’elle pratique depuis 82 ! Je profitais de ses bienfaits depuis un moment quand Malaïka m’a parlé de ses cours de danse. J’avais fait déjà une expérience de barre à terre mais je n’avais pas trop apprécié. Je me sentais gauche et je n’ai pu ressentir aucune satisfaction, sans doute trop directif. Insidieusement mais régulièrement Malaïka me rappelait ses cours de danse mais je résistais. Prétendue et bien nommée indisponibilité qui masquait le malaise : de bonnes excuses pour éviter de me confronter à mon corps dansant. Je ne me sentais pas prête, pas disponible corporellement, craintive aussi. Etre ridicule face aux autres, me sentir gauche... Non merci ! je devais me protéger. Je dois reconnaître (et j’en suis très heureuse) que Malaïka sait être convaincante, elle a su prendre le temps (plusieurs années même).

 

Je n’avais finalement rien à perdre et lasse de ses propositions répétées, lorsqu’elle m’a suggéré de simplement faire un cours d’essai cela a servi de déclencheur. Il fallait que je me prouve, que je lui montre que ce n’était pas pour moi. De l’audace, il m’en a fallu pour rejoindre un groupe déjà constitué, braver les regards, oser me regarder, bouger pour l’échauffement face au miroir!

 

Heureusement pas de jugement, que des regards encourageants..., le groupe m’a portée tout en m’accordant mon espace personnel... Il y a bien eu des moments de panique quand il fallait improviser, montrer, friser le ridicule...du non savoir faire, du non mouvement...

 

Mais de progrès en progrès, de régression parfois aussi le défi est devenu une qualité de vie et la crainte des improvisations toujours bien introduites par le rythme et la musique, l’objet ou le symbole est devenue moins importante que le mouvement, le plaisir de me ressentir et de partager dans la dimension inhabituelle cet espace avec les autres.

 

J’ai pu comprendre et vivre des changements de groupe de manière créative car je suis beaucoup plus consciente de mon unité personnelle dans le mouvement, dans les échanges, sous les regards, dans les complicités et aussi, à travers les différences...

 

L’énergie dégagée par Malaïka est un atout de taille, elle impulse le mouvement, le rythme avec tant de respect pour l’autre, de l’autre que mes résistances ont fondu comme neige au soleil. 

 

Pourquoi cette résistance d’avant ? Une peur, un vécu...Quand j’étais petite, je dansais avec ma grand-mère...nous nous amusions à la valse, au tango...D’un caractère austère voire un peu acariâtre, je découvrais alors en elle, une femme douce, légère, complice. Dans sa mort, elle a emmené cette fibre, cette sensibilité du rythme, du geste, de l’évasion. Elle m’a amputée...Je pensais que c’était elle qui me portait, qui me guidait vers la musique - témoin de notre relation-bonheur du moment. 

 

Danser était lié à elle. Pas à moi.

 

Et Malaïka m’a poussée vers Moi, m’a sollicitée dans un espace sans grand- mère, dans une autre dimension du mouvement où je suis aussi seule face à moi. Malaïka ne me proposait (je m’en rends compte aujourd’hui) pas autre chose que de retrouver cette Onde profonde mais précise du corps. Je ne le savais pas ou ne voulais pas le savoir, doutant de ma personne, de ma capacité à partager avec d’autres ces instants de bonheur.

 

Après mes premiers essais, je compris que je pouvais me sentir bien dans les limites de mon corps et bien dans le groupe. Aussi j’ai osé m’introduire dans un autre groupe et participer à un deuxième cours hebdomadaire. Quelle victoire de ressentir de nouvelles émotions, de bonnes sensations !

 

Le plaisir s’est agrandi et m’a donné envie de partager les bienfaits de cette démarche. En effet, l’idée du partage résiste aux peurs...

 

Une envie s’impose alors à moi !

 

Montrer mes interrogations, mon étonnement devenait possible : faire découvrir ce que j’ai conquis et profiter d’une formation continue de l’Association des logopèdistes vaudoises pour proposer un atelier danse. J’ai pu ainsi me mettre en présence de mes collègues pour leur faire découvrir le bonheur de se mouvoir autrement dans un cadre personnel et professionnel. J’ai eu envie de partager cette conscience de la relation au corps et des émotions cachées qui l’habitent sans qu’on le sache.

 

Aujourd’hui , j’ai besoin de ces moments, je suis toute malheureuse quand pour diverses raisons je manque un de ces moments magiques, toute honteuse de redonner parfois la priorité au travail, de m’oublier et de laisser échapper ce moment. Apprendre et Réapprendre des gestes créatifs, non automatiques, les coordonner : un vrai plaisir, une satisfaction qui rejaillit dans le quotidien et le travail. Et lorsque le mouvement échappe à mon contrôle quand il devient spontané et naturel, c’est extra !

 

Je me rends compte maintenant combien il est agréable de laisser vivre, respirer mon corps, de le sentir se mouvoir sans le contraindre, sans le restreindre.  Je respire mieux en bougeant, je bouge différemment, je me sens plus en contact avec les autres, surtout dans le milieu professionnel. 

 

Si le mouvement m’a permis de réinventer la respiration, la retrouver dans les gestes du quotidien n’est pas chose aisée ! Je me rends compte que j’ai encore beaucoup à apprendre pour lâcher prise et me redonner une certaine liberté d’expression. « Laissez faire le corps ... ».

 

Souvent Malaïka nous invite à laisser faire... laisser parler le corps ! Au début je riais sous cape : mon corps n’a rien à dire! En réalité, je ne savais pas écouter. Je me rends compte aujourd’hui du temps perdu et combien j’étais sotte de différer tant de fois de faire le premier pas.

 

Mais, tout vient à temps. Laissez faire le temps ! Il m’en a fallu du temps pour me trouver, retrouver mon corps et ses plaisirs naturels, de vivre avec lui !. Du temps aussi pour habiter le mouvement, pour délier les gestes avec des règles strictes, des manières de se comporter, de changer les mauvaises habitudes posturales... Bâiller pleinement au quotidien, respirer dans les petits riens, savourer les petits mouvements, m’étirer le matin...Que du plaisir.

 

Merci chère Malaïka de ne pas avoir démissionné, d’avoir su m’initier...

 

Au plaisir du mouvement !  S.W. nov. 2006